Brewsticks, de délicieux sticks apéritifs, bruts, locaux, mais pas que… !

Samedi 18 novembre, la marque Bières Cultes menée par Dorothée fêtait ses 10 ans ! Nous avons pu déguster une Charlune servie par Benoît Ritzenthaler (himself !) de la brasserie Pleine Lune, et accompagnée de petites nouveautés : les Brewsticks !

Elsa, la créatrice du projet a présenté quatre recettes de petits sticks réalisés à base de drêches, issues de la Brasserie de l’Être !

bio apéro brewstick

Les Brewsticks, c’est quoi ?

Depuis quand existez vous, les Brewsticks ?
Notre créatrice a commencé à cogiter le truc au cours d’un des célèbres stages de brassage à la Montreuilloise, à l’automne 2015. C’est là qu’elle a découvert la drêche et qu’elle s’est dit qu’il y avait sûrement moyen de faire quelque chose de bon avec, vu comme ça sent bon !

Le tout premier test a été fait en janvier 2016 avec de la drêche d’une brasserie occitane (L’Oustal), car notre créatrice est très régulièrement en déplacement là-bas et elle connait le brasseur, ce qui a facilité l’accès à la matière. C’était des barres de céréales au miel qui ont eu un joli succès, avouons-le. Mais le fait que ce soit sucré a été un argument pour écarter cette approche : le sucré n’est pas ce qui accompagne, le plus souvent, une bière , de plus on perd le côté sympa de pouvoir déguster ensemble les deux produits du brassage : la bière et la drêche. Donc pas idéal, en tout cas pour un premier produit ! Il fallait du salé, justement une des madeleines de Proust de notre créatrice est salée : des gressins servis avec du mascarpone. Et c’est comme ça que c’est parti pour le format bâtonnet… En plus, tu nous regardes comme ça, on dirait pas, mais un stick c’est ludique et créatif , tu peux nous enrouler des trucs autour, nous mettre en fagots, nous piquer sur du fromage ou nous tremper dans des dips, nous empiler pour faire des tours comme avec des allumettes, itout. On conseille quand même de nous goûter juste sans rien pour commencer , grâce à nos épices on est aussi à croquer tout nus.

Les premiers tests sous cette forme ont débuté en mai 2016, et on était nés ! Depuis, ont est devenus plus courts, plus fins, plus croustillants, on a gagné en couleurs et en saveurs : nous avons évolué du Brewstick préhistorique au Brewstick… moderne quoi !



Nous avons pu goûter 4 saveurs différentes… allez-vous continuer la route à 4, ou y aura-t-il un heureux élu, pour approfondir une recette en particulier ?
On s’entend super bien et il y a une belle dynamique dans notre petite équipe. Côté testeurs et testeuses, les retours sont très positifs sur nous, chacun de nous a son caractère et sa personnalité. Du coup, on espère bien rester tous ensemble : on ne veut pas se séparer, en tout cas pas pour le moment !

Après on accueillera peut-être, de temps en temps, des visites de nos cousins, suivant les occasions et au gré des imaginations. On ne s’interdit rien tant que nous restons fidèles à nos valeurs. Par exemple pour le Beaujolais nouveau nous avons temporairement accueilli un Brewstick Purple, parfumé d’une réduction de vin rouge aux pruneaux d’Agen, le résultat était apparemment très bon. Par contre, il n’y aura jamais, mais vraiment jamais jamais, de Brewsticks saveur poulet rôti, jambon, canard laqué…

Gaspillage : problème mondial, solutions locales

Pourquoi votre créatrice a-t-elle choisi la Brasserie de l’Être ?
Au début il y a le hasard d’une mise en relation facilitée par Bruno Vitasse de Zone-AH, et la proximité géographique (le 19ème arrondissement). Puis pour leur engagement environnemental et leur réflexion juste complètement systémique. C’est-à-dire qu’ils réfléchissent et cherchent à réduire leurs impacts tout au long de leur chaîne de valeur, depuis le sourcing de leurs matières premières, le plus local possible et bio pour les matières agricoles, jusqu’aux déchets liés à leur activité*.

De fait, dès leurs débuts, la Brasserie de l’Être est allée au-delà de la « simplicité » technique du cahier des charges pour la production en agriculture biologique : les brasseurs ont choisi la mention Nature & Progrès. Le bio, c’est la garantie d’une agriculture qui répond à des prescriptions techniques précises**, à l’opposé de l’agriculture conventionnelle traditionnelle qui recourt encore trop massivement à des produits chimiques de synthèse sans se soucier des impacts sur l’environnement et sur la santé des hommes. C’est pourquoi le bio est un progrès énorme. Mais le bio n’est pas forcément gage d’une cohérence avec les cycles de production biologique qu’impose la Nature : respect de la saisonnalité, recherche de la proximité géographique entre production, transformation et consommation***, etc. Ce sont des préoccupations que la mention N&P prend en compte.


Autre exemple, en théorie les gros producteurs de déchets organiques (+ de 10 t/an actuellement) sont censés mettre en place un tri à la source de ces déchets pour permettre une valorisation organique et un retour au sol de cette matière organique. Cette obligation s’inscrit dans le contexte de multiples dérèglements que subit notre planète actuellement : dérèglements climatiques (les sols permettent de stocker du carbone), érosion et appauvrissement des sols sans précédent (la matière organique est essentielle pour la santé et la fertilité des sols), etc. En pratique cette obligation est encore assez peu respectée, car cela signifie qu’il faut payer pour faire collecter et traiter ses déchets, au lieu de les faire prendre en charge sans tri par le service public de gestion des déchets. Les brasseurs, eux, ont choisi de payer pour que leurs drêches soient collectées et transformées, par méthanisation, en ressources : d’une part en énergie (électricité, injectée dans le réseau ERDF  et chaleur, utilisée localement) et d’autre part du digestat, un engrais organique très intéressant pour l’agriculture, car il remplace avantageusement les engrais minéraux, issus de sources non renouvelables.

La partie de la drêche qui peut retourner au sol retourne donc au sol, et l’autre partie devient de l’énergie d’origine renouvelable : plus de déchet !

En bref, on a été conquis par la Brasserie de l’Être pour faire nos premiers pas !

brasserie de l'etre biere bio

Brasserie de l’Être
7ter rue Duvergier
75019 Paris

Votre créatrice travaille déjà dans le traitement des déchets, si je me souviens bien ?
Oui, notre créatrice est consultante en économie circulaire et gestion des déchets. On dirait pas comme ça mais l’économie circulaire et les déchets, c’est un sujet passionnant, si si ! Travailler sur les déchets c’est un peu faire l’archéologie du présent, ce sont des traces qui en disent long sur le monde qui nous entoure. Les déchets changent en fonction des sociétés et de leurs langues, de leurs cultures, des systèmes et procédés de production. En gros « dis-moi ce que tu jettes et je te dirai qui tu es… et comment changer pour réduire tes impacts ». Actuellement, elle travaille pour une société coopérative d’intérêt collectif qui développe un cluster d’agro-activités structurées suivant les principes de l’économie circulaire et entièrement consacré aux cycles matières du domaine de l’organique. Le fil rouge, c’est toujours et encore détourner la matière organique de l’incinération pour permettre son retour au sol.

C’est un cas concret d’économie circulaire de proximité centré sur l’agricole, où le travail sur l’aval (les déchets) facilite et accompagne le changement sur l’amont (les modes de consommation), et où on construit des boucles locales de production-consommation-valorisation. Parce qu’au-delà du traitement et de la gestion des déchets, leur réduction est essentielle dans notre société actuelle dominée par le consumérisme. Le gaspillage est quelque part un effet de ce consumérisme, car lié entre autres à la surconsommation de biens, qui s’est imposée à tort comme une nécessité pour la sacro-sainte « croissance » économique telle qu’elle est mesurée actuellement. Parallèlement, à cause de choix politiques et techniques passés on se trouve, aujourd’hui,  dans des systèmes de production-consommation linéaires : on extrait des ressources, on les transforme en produits, que l’on consomme, produits qui génèrent des déchets, et déchets qu’on incinère ou qu’on met en décharge…

Du coup, plus on consomme et plus on produit de déchets : actuellement, dans la plupart des Etats, l’augmentation des quantités de déchets est encore couplée à la croissance économique. Et ça déborde de plus en plus, le monde croule littéralement sous les déchets de tous types. Déchets organiques, véhicules hors d’usage, déchets d’équipements électriques et électroniques, déchets textiles et chaussures, déchets d’emballages, déchets de médicaments, déchets nucléaires, etc : mal gérés, ils sont source de pollutions multiples nocives pour les écosystèmes naturels, toxiques pour tous les êtres vivants, humains compris. Et malheureusement, les pollutions ne sont pas toujours visibles à l’œil nu !

C’est pourquoi il faut découpler les deux, la production de déchets et la croissance, avec deux pistes d’action très importantes :

  • Les « 3 R » : développer la Réduction – revoir la conception des produits, consommer mieux et moins, la Réutilisation, le Recyclage des déchets.
  • Le passage d’une économie construite sur la consommation de ressources et de matières à une économie circulaire, qui comprend l’économie de la fonctionnalité (payer pour l’usage, la fonction qu’un bien apporte, et plus pour la possession de ce bien).

Pas simple, c’est un travail de longue haleine, sur de multiples fronts. Ça exige des choix politiques forts, et la mobilisation de tout le monde, vous y compris : citoyens, collectivités, entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, etc.

Nous, les Brewsticks, on est encore qu’une toute petite goutte dans tout ça. Mais les petites gouttes font les grands fleuves, et la troisième valeur que nous incarnons, « circulaire », n’est pas innocente. Maintenant vous savez ce qu’elle veut dire, mais c’est un terme qui parle encore à trop peu de gens. Comme nous sommes un exemple très concret et plutôt chouette d’économie circulaire, on se voit comme un véhicule parfait pour contribuer à la prise de conscience. On verra si ça fonctionne ! Et on ne s’arrête pas à un affichage de façade : nous réfléchissons à chaque aspect de notre production pour rester cohérents et fidèles aux valeurs qu’on revendique.

En attendant de nous croiser, vous pouvez suivre nos aventures sur Facebook. Merci pour votre lecture et au plaisir !

Brewstick recyclage apero
©2018 – Brewsticks

* Les déchets de production, générés au cours du brassage, mais aussi déchets post-consommation, qui restent après que la bière a été bue : les bouteilles et les fûts !

** Relativement exempte d’intrants chimiques de synthèse (produits phytosanitaires, fertilisants, aides techniques, etc.), pas d’OGM (seuil de 0,9%), bien-être des animaux garantis par un espace minimal et accès au plein air, etc. Relativement exempte car il peut y avoir des écarts entre deux cahiers des charges bio en fonction des Etats, et parce que dans le monde de l’agriculture conventionnelle, il y a aussi des agriculteurs qui font la démarche de réduire leur recours à ces produits… Un système n’est pas soit blanc soit noir, les questionnements sur les systèmes de production-consommation dominants sont présents (presque) partout, indépendamment de la certification bio. Et les polluants, eux, voyagent et ne s’arrêtent ni aux frontières ni aux limites des exploitations. Ça n’est pas rassurant, mais c’est une réalité.

*** Sans tomber dans l’extrémisme : depuis des centaines et des centaines d’années, les humains ont fait voyager les plantes, les ressources minérales et les produits. Par exemple la saisonnalité de la tomate,celle qui vient d’Amérique du sud,est produite toute l’année : c’est une plante vivace ! Alors qu’en Europe les conditions climatiques ne lui permettent pas de survivre l’hiver, encore moins de fructifier.Et certaines cultures ne s’adaptent pas à d’autres conditions climatiques que leurs aires géographiques d’origine : on ne trouve pas (ou pas encore) de sésame, de cumin et de poivre cultivé en France…